Témoignage d’un pasteur en pleine violence en RDC



Parlant depuis son domicile à Bukavu, en République Démocratique du Congo (RDC), le 23 février, Josué Seleman a raconté des troubles dans la ville de Bukavu depuis l’entrée des rebelles paramilitaires M-23 dans la ville le 14 février, trois semaines après avoir capturé la ville de Goma dans l’est du pays.

Seleman est médecin et aussi le pasteur d’une église de la Communauté des Églises des Frères Mennonites au Congo, le plus grand groupe Mennonite de la RDC, avec presque 100,000 membres.

S’exprimant en français, Seleman a expliqué au Canadian Mennonite que les rebelles sont entrés dans la ville seulement pour y repartir, pourtant cela a été suivi par le vol d’armes par des jeunes locaux et des jeunes hommes qui pillèrent leur ville, endommageant plusieurs magasins et entreprises et faisant « paniquer la population. »

Le gouverneur régional a déclaré que les troupes congolaises se retirèrent pour éviter des combats urbains, pourtant selon un reportage de la BBC, ceci aurait laissé un vide sécuritaire dans la ville, le samedi, avec des scènes chaotiques se déroulant, y compris une évasion de prison signalée de la prison centrale. 

Les racines du conflit sont complexes dans ce pays, riche en minéraux, lequel a été marqué par des violences ethniques dans le passé. Au moins 40 pourcents de l’approvisionnement mondiale de coltan, un métal utilisé dans la production des téléphones intelligents, provient de la RDC.

Deux des pillards impliqués dans le vol de 7000 tonnes d’approvisionnements humanitaires d’un entrepôt des Nations Unies auraient été brûlés vifs. Suivant le pillage, la Croix Rouge a récupéré 15 corps, dont celui d’une femme enceinte. La plupart des blessés étaient des civils, y compris des femmes et enfants.

Après deux jours de chaos, quand les rebelles ont pris contrôle de la ville le 16 février et qu’ils se sont emparés du bureau du gouverneur régional, “C’était presqu’une sorte de libération,” rapporte Seleman. “Ils ont commencé à rétablir de l’ordre dans la ville.”

Tandis que plusieurs membres de l’église de Seleman possédaient des magasins qui ont été pillés, lorsque la congrégation s’est rassemblée le 23 février, les membres ont exprimé leurs remerciements à Dieu pour leur protection pendant le pillage.

Un des pasteurs a prêché un sermon au sujet de Hébreux 10 :25, rappelant aux 130 membres de l’importance de se rassembler pour s’encourager mutuellement et pour partager dans les souffrances du Christ. Ils ont prié pour leur pays et pour la protection de leurs familles et de l’église en ce moment. Seleman a aussi noté qu’ils ont prié contre la peur et la haine laquelle pourrait surgir, et qu’ils puissent se souvenir comment vivre en tant que frères et sœurs.

Pendant un certain temps durant les troubles, a rapporté Seleman, les habitants n’ont pas pu se procurer de nourriture ni d’autres fournitures, et la ville, qui borde le Rwanda et constitue une porte commerciale entre les pays, a vu ses frontières fermées pendant plusieurs jours. Seleman a déclaré que les pharmaciens sont à court de certains médicaments, et les banques ont été fermées.

Après avoir resté chez lui pour pendant plusieurs jours, Seleman a laissé derrière les douze autres membres de sa famille afin de retourner à l’hôpital pour voir ses patients. Lors de ce trajet, il remaquait que la région était devenue  «une ville de mort. » D’ici la fin de la semaine, la ville s’activait dans un grand ménage.

Seleman a raconté que plusieurs membres de son église se demandent si Dieu les a abandonnés en ce moment. Ils remarquent que le Congo est un pays riche en ressources naturelles, et ils se demandent pourquoi Dieu les a bénis avec des minéraux, seulement pour ensuite laisser les gens mourir aux mains de ceux qui se battent pour ces derniers. Ils se demandent aussi si la communauté internationale se souvient d’eux.

“Ce n’est pas seulement Gaza ou l’Ukraine qui ont besoin de prières,” a dit Seleman. “C’est aussi le Congo.” Il demande que les Mennonites du Canada et d’ailleurs au monde se souviennent de leurs frères et sœurs de la RDC, priant pour la paix dans du pays, mais aussi pour que les membres de l’église peuvent retrouver leur confiance en Dieu. Savoir que d’autres prient pour eux, a-t-il déclaré, est un encouragement.

Les Mennonites congolais-canadiens sont aussi inquiets à propos des problèmes au Congo. Charles Tabena, pasteur du Centre Béthésda Mennonite de Québec, dans la ville de Québec, parle fréquemment avec sa famille et ses amis de Bukavu et Goma. Il a écrit par courriel au Canadian Mennonite:

“Nous prions que Dieu, le père du Shalom, ramène la paix durable dans l’est de la RDC où, à cause des combats politiques intermittentes, des dizaines de femmes ont été violées, un grand nombre d’enfants sont devenu des orphelins, plusieurs morts ont été enregistrées. Que Dieu puisse envoyer la paix à tous les gens de la RD du Congo et à ceux de l’est de ce pays en particulier.”

Francois Machichi, pasteur d’Église Goshen Mennonite à Ottawa, a ajouté ses prières   suppliant que Dieu “ouvre la porte pour une réconciliation efficace d’une région qui est marquée par une haine tribale profonde.” Il prie que “les Mennonites peuvent intervenir en envoyant des pasteurs afin d’aller animer les séminaires contribuant à l’unité et la réconciliation.” 

La Conférence Mennonite Mondiale (CMM) a convoqué un groupe de travail inter- anabaptiste comme réponse à la crise humanitaire dans l’est de la RDC. Les dons sont possibles via : mwc-cmm.org/ en/global-church-sharing-fund/

Écrit par Susan Fish, en anglais

See the English version of this article here.



Leave a Reply